Bonjour,
Je
fus un élève du collège St Pierre du Relecq-Kerhuon en 1973/1974.
De cette année scolaire sous tension, je me souviens d'une gifle
d'un professeur d'histoire géographie. 5 élèves avaient eu une
note insuffisante. Nous avons été mis en ligne devant le bureau de
la classe, dos tourné aux élèves, et frappés au visage. Je suis
resté stoïque, il m'a regardé dans les yeux, il attendait une
faiblesse, ne l'obtenant pas, il est passé à l'élève suivant. Ce
dernier a gémi, une pluie de gifles est tombée. Le professeur
culminait de plaisir. Ce fut la seule violence pour moi mais combien
d'autres ont souffert.
Le
plus intense à vivre fut une brimade durant 45 minutes à l'égard
d'un élève qui avait menti au professeur d'anglais. Cris,
bousculades, humiliations, l'élève refusait d'admettre l'évidence.
Le professeur entra en transe, l'atmosphère de la classe changea,
nous étions en compassion pour l'élève tétanisé. Le professeur dans un état second
additionnait les gifles ; l'aveu, les larmes, et le tout retomba
dans un silence éprouvant. Le professeur était épuisé mais
jubilait, il avait réussi à faire admettre que l'élève mentait.
Une
fois dans la cours de récréation, alors que nous avions tous été
bouleversés, nous n'avons rien dit, nous ne sommes pas allés
consoler notre camarade de souffrance. Indifférence ? Non, nous
pensions à nous-même, nous pensions que la prochaine fois ce serait
nous. La peur rend muet, on ose à peine respirer quand elle nous
étrangle.
Tout
ceci n'est que la réplique d'une multitude de situations que j'aie
vécues durant 9 mois et dont chaque victime et témoin de scènes de
violences se souvient comme si c'était hier. A combien de dizaines
de gifles ai-je assisté ? Je ne m'en souviens pas, c'était
trop souvent pour toutes les garder en mémoire. Il me fallait
oublier pour tenir.
Il
manque une donnée que je ne lis pas dans la presse à propos de ce
collège : la volonté délibérée des parents en quête d'une
réussite scolaire pour leur enfant. Cette violence était connue de
tous les habitants du Relecq-Kerhuon, on en parlait dans la région.
Les commérages, les plaisanteries sur les bonnes raclées utiles à
l'éducation étaient aux comptoirs des bistrots, aux repas de
famille. Aujourd'hui, la violence fait horreur mais à l'époque, le
dressage à la dure était une composante éducative tolérée, voire
souhaitée. Les élèves savaient où ils étaient et pourquoi ils y
étaient : ils ne comblaient pas leurs parents de la sacrosainte
fierté éducative.
Peut-être
faudrait-il aussi faire la critique des parents bienheureux de ces
reprises en main délibérées. L'institution n'aurait pas pu
connaître ses heures de gloire sans l'assentiment parental, pas plus
que celui du diocèse dont les excuses de 2025 sont aussi minimales,
voire minimalistes que les attitudes parentales furent sans égard,
voire sans amour...
J'espère
que les victimes de cette organisation de la violence trouveront la
paix mais que tous les coupables soient bien désignés, y compris
ceux à qui on serait tenté d'offrir une certaine clémence, une
clémence que nous n'avons pas eue...

Le collège
Fondateur de l'école St Pierre • L'histoire du collège St Pierre • Le directeur • Sous-directeur • Le recrutement • Les professeurs • La mixité • Le silence des élèves • Le plaisir dans la violence • Le directeur des collèges • Responsabilités des parents • Témoignage • Victimes
Institution religieuse
Communiqué de presse • Dissimulations des autorités religieuses • Déclarations imprudentes • Les institutions savaient • Direction de l’Enseignement catholique • Autonomie de l'enseignement privé • L'Eglise pardonne
Le contexte
Mai 1968 • L'histoire du Relecq-Kerhuon • Le CES insatisfaisant • Palmes académiques • La presse muette • Avis maladroits
La législation
Déccret 1887 • Loi 1959 • Décret 2025 • Le parquet de Brest • Les suites judiciaires attendues • L'anonymat obligé • L'audition par la commission d'enquête • Les établissements coupables