Collège Saint Pierre du Relecq-Kerhuon

L'enseignement privé revendique son autonomie coûte que coûte

Une commission parlementaire est constituée en février 2025 afin d'enquêter sur les violences sexuelles et autres en milieu scolaire infligées par le corps enseignant et personnels assimilés. Un rapport de 300 pages est publié le 2 juillet 2025 après une multitude d'auditions de victimes et d'encadrants... Dans le descriptif de la situation, on y apprend qu'à cette date, 80 collectifs de victimes sont recensés concernant 260 établissements scolaires dont la majorité fait partie de l'enseignement catholique. On y apprend que ces collèges ne sont pas contrôlés par l'Etat alors que ce dernier finance à hauteur de 70% les établissements sous contrat, les autres étant autonomes financièrement. Quoiqu'il en soit chaque établissement ne peut s'émanciper des lois de la République aussi laïque soit-elle ou prétendue comme telle.

Depuis la révélation du scandale (2024) des viols d'élèves par des enseignants et encadrants, le ministère de l'Education nationale se prévaut d'une augmentation de ses contrôles (2025) et du recrutement de 60 inspecteurs académiques en cours de recrutement sur deux ans.

Le rapport liste 50 propositions afin d'endiguer les dérapages intrascolaires...

Sous le couvert d'une autonomie éducative éloignée de l'enseignement public, cette liberté d'action accordée avec l'assentiment silencieux de l'Etat, une complicité difficilement explicable en dehors de considérations politiques électives, semble encore vouloir persister après le naufrage des institutions religieuses aussi muettes que sourdes aux dépravations qu'elles ont organisées. Cet effet en vase clos, distancié de la laïcité, malgré les épouvantables révélations des comportements criminels de la part de l'institution religieuse prétendue garante d'une moralité élevée, est une préoccupation majeure du secrétaire général à l'enseignement catholique* (Sgec) « Beaucoup de propositions vont dans le bon sens. D'autres sont plus surprenantes... Ce qui me gêne, c'est cette volonté de calquer l'organisation de l'enseignement catholique sur celle du public... ... une instrumentalisation politique... … Nous risquons d'être noyés dans la masse et sommés de faire pareil que le public...» Une organisation en échec, ayant la responsabilité de l'éducation de mineurs s'émeut par anticipation quant à son indépendance... Une indépendance jusqu'ici criminelle. Ne peut-on craindre qu'à la même autonomie, ne s'ensuive la même perversité ?

« L'État peut contrôler le « climat scolaire ». Mais la « vie scolaire » relève du caractère propre, de notre liberté. Et elle ne se résume pas à la catéchèse » finalise le secrétaire général à l'enseignement catholique (juillet 2025). L'institution religieuse est percluse d'orgueil que ses actes délétères démentent. L'église prône une humanité spirituelle à part et se vautre dans la maltraitance, la violence, l'agression sexuelle tellement pleines d'inhumanités qu'il est difficile de comprendre ce que défend l'Eglise si ce n'est que la jouissance d'un pouvoir qu'elle peine à faire survivre depuis des siècles d'amenuisement.

Comme par le passé, des parents épris d'enseignement catholique se félicitent des révélations, de la libération de la parole, du travail de la commission, de la volonté de mieux protéger leurs enfants mais gare aux atteintes à la spécificité de l'enseignement privé, ils rechignent déjà...

Autre indice inquiétant, la déclaration du secrétaire « Chaque établissement est autonome ; il possède donc son propre projet éducatif, même si celui-ci s'inscrit dans le cadre du projet commun de l'enseignement catholique »... Cette chère autonomie qui développe le silence aussi naturellement que se développe une mauvaise herbe sur un terrain non entretenu... S'il y a eu autant de victimes mineures de violences dans les établissements privés c'est grâce à la culture de l'autonomie que ses adeptes honorent encore et encore.

Si l'on rapporte cette pratique de l'autonomie au collège Saint Pierre du Relecq-Kerhuon, il est compréhensible d'entrevoir qu'au gré des dérives perpétrées par les instituteurs et professeurs, majoritairement des coups portés au visage des élèves punis dans le cadre d'un projet éducatif porté à la réussite sous contraintes physiques, on devine toute la libre latitude de chaque enseignant enjoint de faire réussir ses propres élèves coûte que coûte. Liberté de recourir à la force, aux sévices au service de la cause catholique, être plus probante que la laïcité jugée déliquescente. Quand le secrétaire ergote sur les subtilités du contrôle du climat scolaire par l'Etat mais aucunement le contrôle de la vie scolaire, ce personnage promeut une distinction intangible que ferait naturellement les enseignants... Au collège St Pierre, il y a bien longtemps certes, nul ne s'encombra d'une telle subtilité d'esprit car le climat fait la vie scolaire et la vie scolaire influe le climat de l'établissement. Il y a une intimité voire une promiscuité entre les deux aspects de l'enseignement qui en cas de perversité, amène une confusion d'esprit tout autant chez l'enseignant violent, l'élève soumis et les parents comblés par la promesse de réussite.

Autonomie de l'établissement, autonomie de l'évêché et de l'administration départementale... Chaque échelon de l'éducation catholique cloisonne son fonctionnement pour moins en avoir à en dire, quand les agissements sombrent dans l'illégalité. En 2025, l'enseignement catholique tient plus que tout à son autonomie, à son cloisonnement toujours utile à la perpétuation de sa réputation d'excellence, quant aux dégâts collatéraux, l'institution est moins prolixe, le vœu de réparation moins verbeux, le souci du pardon moins exalté... L'impression générale laisse à penser qu'une volonté de continuité surnage à l'esprit de l'Eglise dans une sorte d'éternité imaginaire.


* désigné par la Conférence des évêques de France (CEF) – effet vase clos.
Quelques temps avant sa convocation devant la commission d'enquête parlementaire à propos des violences et des viols commis par le personnel de l'école privée dans différents établissements, le secrétaire général de l'enseignement catholique avait rédigé un plaidoyer défendant l'idée du particularisme de l'enseignement privé qui ne saurait être contrôlé de la même manière que les établissements laïcs. En ajoutant que le principe de vérification de l'inspecteur de l'éducation nationale se rapprochait de l'inquisiteur qui participe d'un système de délation. Face à la commission, ces écrits étant repris, le secrétaire enfariné retira ses allégations. Cette mentalité hautaine de différenciation de traitement de l'Eglise et de l'Etat laïc a conduit aux dérives confinées dans le secret des hommes qui se prenaient pour des demi-dieux.

Le collège

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Le contexte

Mai 1968L'histoire du Relecq-KerhuonLe CES insatisfaisantPalmes académiquesLa presse muetteAvis maladroits

La législation

Déccret 1887Loi 1959Décret 2025Le parquet de BrestLes suites judiciaires attenduesL'anonymat obligéL'audition par la commission d'enquêteLes établissements coupables