Quand une organisation est en dérive manifeste et surtout
si cette dérive tombe sous le coup de la loi, il n'est pas illégitime
d'espérer que les médias s'immiscent dans les rouages répréhensibles.
Dans les années 1950, 60, 70, la population consomme des programmes radiophoniques
nationaux, des programmes télévisuels en cours de développement et surtout
de la presse papier pour s'informer. Le quotidien local est une référence,
une source reconnue qui, alors, est globalement respectée. La rédaction
du journal dépêche un correspondant, un pigiste, pour glaner dans la commune
les informations locales susceptibles d'intéresser les lecteurs très souvent
abonnés et friands de l'actualité de proximité. Le correspondant au statut
fragile et dont les revenus sont des rémunérations d'appoint, retranscrit
la banalité avec talent. Une réunion sportive, une kermesse, les menus
des repas de la cantine... Un fait divers de temps en temps... Le climat
d'une élection municipale avec des mots choisis pour éviter d'être suspecté
de parti pris...
A cette époque, quand la presse mentionne le collège St Pierre du Relecq-Kerhuon,
elle lisse le reportage dans le sens du consensus général. Un départ de
directeur – au demeurant contestable dans les faits – est traduit par
les remontées de personnes favorables à cette façon d'éduquer. Le correspondant
reflète le contentement mais pas le contenu de cette satisfaction. Pas
une question au moindre élève qui nécessairement a été maltraité ou a
été témoin de maltraitances physiques et psychologiques. Rien qu'une promotion
du système pourtant dévoyé.
La circonstance atténuante est que l'usage de la sévérité jusqu'au geste
brutal est un sujet polémique et que la rédaction du journal en quête
d'un nombre croissants de lecteurs ne va pas défendre l'enseignement pour
mauviettes souvent reproché dans l'école laïque qui donne de moins en
moins de coups de règle sur les doigts des élèves paresseux. Tirer les
cheveux juste au dessus d'une oreille pour faire couiner le cancre est
laïc. Les gifles catholiques représentent les réminiscences d'une tradition
séculaire de soumission pour qui fréquente les représentants de Dieu.
Le climat clérical rude, traditionaliste et le courant anticlérical laxiste,
progressiste sont à couteaux tirés. La presse louvoie et n'enquête pas
sur les pratiques tant qu'une victime ne dénonce pas les abominations.
Pas de témoignages, pas d'informations. L'absence d'articles sur les tourments
du collège nourrit le silence et ne permet pas la remise en cause des
pratiques, qui, clairement détaillées par un tiers non partisan, auraient
heurté...Le collège était réputé pour son autoritarisme extrême : aucun
journaliste n'a cherché à décrire la réalité précisément, le flou suffisait.
En février 2025, une ancienne victime dévoile dans cette même presse locale
la nature des supplices subis dans le collège St Pierre. Le quotidien
s'empare du scoop et en fait un article à sensation qui a l'énorme avantage
d'attirer la curiosité des lecteurs tout en n'engageant pas la responsabilité
de la rédaction quant aux réactions possibles. La sortie de l'affaire
est d'autant plus confortable que les violences sont dénoncées depuis
quelques années déjà et qu'elles fédèrent des opinions de désaveu sans
équivoque qui n'auraient pas été envisageables à l'époque des faits.

Le collège
Fondateur de l'école St Pierre • L'histoire du collège St Pierre • Le directeur • Sous-directeur • Le recrutement • Les professeurs • La mixité • Le silence des élèves • Le plaisir dans la violence • Le directeur des collèges • Responsabilités des parents • Témoignage • Victimes
Institution religieuse
Communiqué de presse • Dissimulations des autorités religieuses • Déclarations imprudentes • Les institutions savaient • Direction de l’Enseignement catholique • Autonomie de l'enseignement privé • L'Eglise pardonne
Le contexte
Mai 1968 • L'histoire du Relecq-Kerhuon • Le CES insatisfaisant • Palmes académiques • La presse muette • Avis maladroits
La législation
Déccret 1887 • Loi 1959 • Décret 2025 • Le parquet de Brest • Les suites judiciaires attendues • L'anonymat obligé • L'audition par la commission d'enquête • Les établissements coupables